Le bassin versant est aujourd’hui l’entité de réflexion, d’action et de gestion de la qualité des eaux de surface. Le bassin versant topographique est l’ensemble des terrains qui verse vers une même vallée. L’ensemble des eaux tombant sur cet espace est récolté via un réseau superficiel et souterrain pour alimenter un même cours d’eau.
La nature du socle géologique et les profils pédologiques influencent les circulations sub-surfaces des eaux. Les temps de circulation de l’eau sont alors décalés de quelques minutes à plusieurs années, avant que la goutte d’eau se retrouve plus en aval, dans la rivière étudiée.
L’occupation des sols, le type d’agriculture et son intensité vont influencer significativement la composition de l’eau (sa « qualité »).
Par exemple, un bassin forestier aura des eaux très pauvres en nitrates. Dès qu’une partie de la forêt sera transformée en terres cultivées, la concentration moyenne des eaux superficielles et/ou souterraines augmentera sensiblement. L’augmentation des risques d’érosion par modification des circulations des eaux de ruissellement impactera sur les flux de phosphore véhiculés par les ruisseaux du bassin versant. L’approche à l’échelle du bassin versant est donc primordiale dans l’étude de la qualité des eaux douces et dans le programme de reconquête.
L’évolution de la signature, de l’amont vers l’aval, conditionne le protocole de l’étude ; les sources d’altération amont auront un impact sur le cours d’eau dans sa partie aval également. Nous soulignons donc le poids du réseau de petits rus amont (le chevelu du bassin versant), qui sont directement en contact avec les premières sources d’altération et de pollution. Si l’hydrosystème digère une partie de ces altérations, le signal « Nitrate », que l’on mesure après quelques dizaines de kilomètres de linéaire de rivière, est la résultante du mélange des eaux des petits rus de tête de bassin. C’est sur cette tête de BV que se joue la problématique nitrates. Donc les actions mises en place dans la vallée ne peuvent avoir qu’un effet secondaire, plus pédagogique qu’efficace.
Le bassin versant est aussi un bassin de vie, sur lequel évolue un nombre d’acteurs qui n’ont pas la même perception des enjeux liés la qualité des eaux douces. Les industriels, les agriculteurs, les particuliers et encore les collectivités ont la capacité d’impacter de nombreuses façons le cours d’eau. Les structures impliquées dans les actions de préservation et de reconquête sont également très nombreuses, ce qui tend à brouiller le message de reconquête qu’il faudrait pourtant simplifier auprès des acteurs terrain.
Le bassin versant est par conséquent un lieu clé pour la défense et la reconquête des eaux douces.