Contamination d'un plan d'eau en arsenic : identification de la source et définition de pistes d'actions (2016)
Contexte de l’étude
Une ancienne carrière réhabilitée dans les années 90 en un plan d’eau à vocation récréative présente en périodes de basses eaux, des concentrations en arsenic supérieures au seuil réglementaire défini pour l’eau potable, soit 10 µg d’As/l.
L’étude diagnostic que nous réalisons sur ce plan d’eau a pour objectif de cibler l’origine de l’arsenic, et plus généralement de déterminer le fonctionnement hydrologique de la masse d’eau, qui conditionne sa qualité chimique. La première hypothèse s’appuie sur une contamination en arsenic de la nappe souterraine au droit du plan d’eau. Cela sous-entend que la couche de protection en fond de cuvette ne serait pas étanche pour permettre ces échanges d’eau entre le compartiment souterrain et celui de surface.
La deuxième hypothèse porte sur la capacité de la couche de protection à stocker et donc potentiellement relarguer de l’arsenic dans la colonne d’eau. Ici, les matériaux constituant le fond de cuvette seraient la source d’arsenic.
Les investigations menées sur le terrain pour identifier la source d’arsenic :

Détermination des faciès chimiques : identifier les relations entre les types d’eau
Les analyses de la qualité de l’eau se sont portées sur la recherche d’arsenic et sur la détermination du faciès chimique (balance ionique) des différents types d’eau. Des investigations ont également été entreprises sur la couche de protection (analyse de la teneur en arsenic dans le matériau du fond de cuvette, granulométrie).
L’arsenic, tout comme le phosphore se caractérise par un cycle où son transfert du sédiment vers la colonne d’eau est régi par des processus hydrobiogéochimiques.
Une reprise tardive des écoulements durant l'hiver 2015-2016 : des phénomènes d'érosion ponctuels
Les conditions pluviométriques rencontrées durant l’hiver dernier se sont traduites par une reprise tardive des écoulements et un prolongement « anormal » de l’étiage. Les pluies significatives se sont produites à partir du mois de janvier 2016, provoquant reprise des débits dans les cours d’eau et remontées de nappes dans le sous-sol.
Les observations sur le terrain sont retranscrites sous SIG (degré d’érosion des bordures de parcelles, fossé circulant, drains…
Quelques photos pour illustrer la variabilité pluviométrique en 2016 et son impact sur les départs de sols :
La comparaison entre les deux photos de gauche et de droite illustre que les épisodes d’érosion et de départs de sols étaient très furtifs durant l’hiver 2015-2016. Sur les photos de droite prises début mars 2016, au même endroit que celles de gauche, les débits dans le fossé sont moindres et l’eau véhiculée dans le réseau de fossés est claire.
Expérimentation : test grandeur nature d'un algicide naturel (été 2015)
Cette expérimentation repose sur le pouvoir, bien connu et documenté, de la paille d’orge comme algicide naturel. Le lieu choisi de ce test grandeur nature n’est pas le plan d’eau proprement dit, mais la zone d’incubation des cyanobactéries, en amont du lac.
Il nous apparaît plus réaliste de travailler sur cette zone d’émergence des cyanobactéries, du point de vue faisabilité technique, mais également du point de vue optimisation de l’action. Un suivi de performance est en cours par des mesures in-situ. A suivre !

Boudin de paille d’orge (longueur 5 à 7 m)

Vue des îlots de paille d’orge disposés en queue d’étang
Retour sur l'hiver pluvieux 2013-2014 : les fuites de Phosphore à l'échelle d'un bassin versant
Identifier les fuites diffuses de phosphore :
la méthode d’Interfaces & Gradients
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Localiser les sources : hiérarchisation des parcelles à risque d’érosion
Lors de nos campagnes de terrain, nous caractérisons dans un premier temps les bords de parcelle accessibles sur la zone d’étude. Nous avons mis au point une classification simple pour hiérarchiser ces bords de parcelle et les risques d’érosion qui y sont associés.

Parcelle à risque d’ érosion modéré : surface importante, pente modérée orientée vers le cours d’eau ou le fossé circulant, absence totale ou partielle de barrière physique contre le ruissellement (talus, haie)

Parcelle à risque d’érosion élevé : surface importante, pente forte orientée vers le cours d’eau ou le fossé circulant, absence de barrière physique contre le ruissellement (talus, haie)
Les autres parcelles du territoire sont classées en risque faible. Cela signifie soit que leur barrière contre le ruissellement est efficace (continue) soit que le ruissellement ne s’y forme que pour des épisodes pluvieux exceptionnels.
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Un facteur aggravant : le curage des fossés circulants
Une parcelle à risque d’érosion ne participe pas nécessairement au flux de phosphore arrivant dans le réseau hydrographique. Pour cela, il faut une voie de transfert entre la parcelle et le cours d’eau : un fossé circulant. Ce type de fossé s’oppose aux fossés dits « morts » où l’eau stagne, s’infiltre et s’évapore. Le phosphore s’y accumule et ne rejoint pas les eaux de surface. Dans le cas d’un fossé non-circulant, même si le phosphore ne rejoint pas le cours d’eau, la valeur agronomique de la parcelle qui s’érode se détériore. Il est donc dans l’intérêt de l’exploitant de limiter le ruissellement sur sa parcelle. Une exploration complète du territoire d’étude, sous pluie, nous permet de localiser ces fossés dits circulants.
Remarque :
La gestion des fossés peut elle-même augmenter le flux de phosphore arrivant au réseau hydrographique. Une fauche excessive du talus et un curage trop fréquent et en période de hautes eaux augmentent la quantité de sol, et donc de phosphore, véhiculée par le fossé.

Depuis une dizaine d’années, nous suivons ces protections de bords de parcelle sur les bassins versants du Grand Ouest. Nous constatons une dégradation de ces protections, qui se généralise sur le territoire. La fuite de Phosphore diffus vers le cours d’eau ne concerne pas toutes les parcelles agricoles: seules celles connectées directement au cours d’eau ou via un fossé circulant devront faire l’objet d’actions ciblées. En revanche, la problématique de l’érosion des terres agricoles et donc de la perte de patrimoine pour l’agriculteur s’applique à l’ensemble des terres exploitées.
Reconquête de la qualité de l'eau : développer des protocoles simples pour les suivis de nappe (2015)
Problématique Nitrates dans un périmètre de protection :
Reliquats de sols dans une bande boisée
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Des analyses de reliquats d’azote au sein d’une bande boisée en bordure de cours d’eau, ont présenté des résultats inattendus à première vue. L’objectif de la mission était d’apporter des éléments d’explication sur ces reliquats, à partir d’une étude sur site. Etant donné le contexte hydrogéologique local, nous nous sommes intéressés au flux d’eau souterraine, véhiculée par la nappe d’altérite, et à l’éventuelle interaction que celui-ci pouvait avoir avec le sol.
Connaître l’état d’enrichissement en nitrates à l’échelle du bassin versant :

Concentration en nitrates dans la nappe d’altérite (puits traditionnels) à l’échelle du bassin versant
Réalisation d’un suivi longitudinal des nitrates à travers la bande boisée :

Pose de piézomètres légers (2 m) à l’aide d’une tarière

Echantillonnage d’un puits existant en haut de la bande boisée

Prélèvements d’eau et mesures de hauteur de nappe selon un transect perpendiculaire au cours d’eau
Les écoulements souterrains rencontrés sur l’ensemble du Massif Armoricain s’organisent à l’intérieur de réservoirs bien connus pour les hydrogéologues, mais souvent peu maîtrisés par les gestionnaires de l’eau. Difficilement accessibles, non visibles, ces aquifères de socle sont de plus caractérisés par une importante inertie, rendant délicate la comparaison entre la qualité du cours d’eau et la qualité de l’eau souterraine l’alimentant au même instant t. Des protocoles simples existent et permettent de caractériser ces eaux souterraines et la relation qu’elles entretiennent avec les eaux de surface.